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Georges Eekhoud Photo(s): aucune
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Encyclopédie > Périodes de notre Histoire > Les écrivains belges > Georges EekhoudDescription (historique/actualité/....)
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Georges Eekhoud (1854 – 1927) : Bruxelles au cœur d'un écrivain libre
Georges Eekhoud naît à Anvers le 27 mai 1854, dans une famille bourgeoise d'origine flamande francophone. Très tôt orphelin, il est confié à un oncle installé à Bruxelles, ville qui marquera profondément sa vie et son œuvre. C'est dans la capitale qu'il poursuit ses études, notamment à l'athénée de Saint-Josse-ten-Noode, et qu'il s'imprègne du bouillonnement culturel et social d'une ville en pleine mutation au tournant du XIXᵉ et du XXᵉ siècle.
Le Bruxelles populaire et interlope
Bruxelles, à cette époque, est un mélange de raffinement bourgeois et de misère ouvrière, un contraste qui fascine Eekhoud. Contrairement à nombre d'écrivains de son temps, il s'éloigne des cercles mondains pour explorer les quartiers marginaux, les faubourgs, et les destins des “bannis de la société”.
Il arpente les rues de Schaerbeek, de Saint-Gilles ou du quartier des Marolles, y puisant l'inspiration de ses récits pleins d'humanité et de réalisme social. Son roman Kees Doorik (1883) et surtout Escal-Vigor (1899) traduisent ce regard empathique porté sur les marginaux, les ouvriers, les paysans ou les “anormaux” que la morale bourgeoise rejette.
Eekhoud décrit avec un lyrisme âpre les zones populaires et les campagnes flamandes proches de Bruxelles, mais c'est dans la capitale qu'il trouve la scène vivante où se croisent artistes, révoltés, soldats, prostituées, et figures du peuple.
L'homme de lettres bruxellois
Installé durablement à Bruxelles, Eekhoud s'y impose comme figure majeure du naturalisme belge. Il fréquente les milieux littéraires du Cercle des XX et du Salon de la Libre Esthétique, où se côtoient peintres symbolistes, écrivains et musiciens.
Il donne cours de littérature à l'école pour adultes de Schaerbeek (rue Quinaux) de 1902 à 1927 où il eut notamment comme élève René Magritte.
Il fut également professeur à l'École militaire de Bruxelles, il enseigne la littérature française à de futurs officiers, non sans heurts avec la hiérarchie : son esprit libre et provocateur choque les milieux conservateurs.
Eekhoud collabore également à plusieurs journaux bruxellois, dont La Société Nouvelle et L'Art Moderne, où il défend une littérature engagée, réaliste et profondément humaine. Il participe ainsi à la vie intellectuelle foisonnante de la capitale, alors centre du symbolisme et de la libre pensée.
Il fut membre de la Nouvelle Académie royale de langue et de littérature françaises.
Procès et scandale à Bruxelles
C'est à Bruxelles, en 1900, qu'éclate l'affaire Eekhoud, un procès retentissant : l'auteur d'Escal-Vigor est poursuivi pour “outrage aux bonnes mœurs”.
Le roman, situé dans une île imaginaire inspirée du Zéland flamand, évoque avec tendresse et franchise l'amour entre deux hommes — un sujet tabou à l'époque.
Son procès se déroule au Palais de Justice de Bruxelles et devient un symbole de la liberté d'expression littéraire. Soutenu par de nombreux intellectuels bruxellois, Eekhoud est finalement acquitté, triomphant de la censure et de la morale bourgeoise.
Trace et hommages
L'avenue Georges Eekhoud (à Schaerbeek) porte son nom.
Au parc Josaphat se trouve un monument érigé à sa mémoire.
Sa tombe se trouve au cimetière de Bruxelles à Evere, non loin de celles d'autres figures majeures des lettres belges.
